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Charly 9

Aujourd’hui, je vais te parler BD.

Une récente, histoire d’ « être un peu dans l’coup » comme on dit.

Et puis une BD qui nous permettra de faire 1 caillou 2 coups : art + Histoire (la grande).

Pour rappeler à toi la culture que tu as peut-être oubliée sur les bancs de l’école.

Alors, voilà , je te présente « Charly 9 », sorti en février 2014, mis en images par Richard Guérineau, selon le récit de Jean Teulé.

Charly 9 c’est le ptit nom de Charles IX, roi de France au 16è siècle. Il est le fils d’Henri II et de Catherine de Médicis.

Tu ne te souviens peut-être pas de lui alors que pourtant son nom est associé à la célébrissime « nuit de la Saint Barthélémy ».

Ah. Voilà, tu y es. (si tu es ado et que tu me réponds « bèh non, j’konai pa, jété pa né », sache que tu viens de te faire gifler là. Je crois qu’il est parti par là…). Oui ben que veux tu, y a des risques sur ce blog…)

La nuit de la Saint Barthélémy du 24 août 1572 cristallise la violence de la guerre de religion opposant protestants (aussi dit huguenots en ces temps) et catholiques. Un massacre, un abattoir, que la famille royale orchestre pour exterminer les huguenots.

Une grosse giclée de sang qui prend sa source à Paris et qui se traine sur toute la France.

Et le livre nous raconte comment ces évènements ont été vécus par Charles IX, qui aurait en tant que roi donné l’assaut à cette horreur.

Tu verras donc l’Histoire avec les yeux du jeune roi, à qui sa mère, Catherine de Médicis, soumet l’idée de tuer le chef du parti protestant, qui se trouve aussi être le conseiller du roi.

Un proche, si proche, que Charles l’appelle « mon père ».

Trop proche selon Catherine de Médicis qui sous-entend qu’il cherche à influencer le roi en faveur des protestants.

« Mon père » tout de même … Autant te dire, que le ptit Charly n’est pas très chaud…

Et puis très vite, il ne s’agit plus de ne tuer que le conseiller, mais aussi La Rochefoucault, un autre ami du roi, et quelques autres considérés comme chefs des protestants.

Quasi tous des potes du bon Charly.

Le garçon est un peu perplexe.

Et au fil de la discussion, de 6, on passe à 10.

Allez pas de chichis Charly, on va dire 100.

Il se décompose.

Et ce n’est que le début de l’escalade des chiffres macabres.

Arrivé à 1 000, il déplore que luthériens et papistes ne parviennent à s’entendre.

Ah oui, too bad, Charly, vraiment…

Et puis on lui annonce que, dans l’élan, ben, ça sera peut-être 10, voire 20 000.

L’ampleur du massacre abat le jeune roi.

On le presse toutefois à donner le feu vert « pour le bien de la France » ou un argument du genre tu penses…

Aculé, le roi craque, cède.

Et les pages qui suivent se teignent de rouge.

Charly en a gros sur la patate. Et pour tenir le coup, il bascule petit à petit dans la folie.

Oui, tu as compris, il pète un peu les plombs.

-J’ai aimé?

-Oui.

-Pourquoi?

– Parce que tout d’abord j’ai appris sur Charles IX, et puis parce que l’on y croise des personnages comme Ronsard, que l’on découvre l’origine du brin de muguet porte-bonheur de mai, et aussi la naissance de la tradition du poisson d’avril, et j’ai appris que le 1er janvier n’a pas toujours été le 1er jour de l’année.

Parce que les dessins sont chouettes, et qu’il y a un ptit jeu sur les styles sympa.

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Et aussi parce que c’est cynique à souhait ! Le désabusement de Charly nous plonge entre rire et compassion. On voudrait même dire que la BD est plutôt rigolote, mais on a peur de se faire passer pour une sadique, à cause du fond de l’histoire qui dégouline beaucoup de sang et de désespoir quand même…

Je précise qu’il s’agit bien de l’histoire vraie de Charles IX, telle qu’on ne te l’avait pas racontée, mais que veux-tu, il faut savoir parfois aller creuser plus loin que les synthèses scolaires (oui, l’ado de tout à l’heure là, cette remarque est pour toi)

Regarde la 1re page, elle est fabuleuse :

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Si éloquente. Elle devrait être le portrait de Charles IX dans tes livres d’histoire.

Euuuh, je ne sais pas comment terminer ce billet… Du coup je m’en vais comme ça : hop!

Allez, reste pas comme deux ronds de flan, file t’occuper !