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Vous permettez que je prenne la parole ?

Je vais faire un petit billet civisme aujourd’hui.

– « Ah tiens ? »

– « Les élections municipales c’est fini oh ».

Oui, soit, mais les européennes arrivent en mai, les régionales l’année prochaine, et puis la citoyenneté, de toutes façons, ce n’est pas seulement quand tu votes.

France Inter (ce blog n’est pas sponsorisé par France Inter) (mais France Inter si tu es intéressé par me sponsoriser, n’hésite pas, je veux bien parler de toi pour pas -trop- cher) repassait le 25 mars une interview de 1998 de Cornelius Castoriadis sur ces sujets.

On y rappelle la définition du citoyen selon Artistote comme quelqu’un qui est capable de gouverner et d’être gouverné.

Mais l’époque d’Aristote est celle où en Grèce la démocratie incluait le tirage au sort de certaines magistratures. Ce n’est pas le cas de notre démocratie où nous votons pour ceux qui nous semblent le plus à même de gouverner. On confie la gestion de notre société aux personnes que l’on pense expertes en la matière (le paradoxe étant qu’elles-mêmes ont leur propres experts proches de leurs sensibilités dans différents domaines politiques, donc au final faire de la politique ne nécessite pas d’être expert soi-même.. la compétence se situe ailleurs, dans celle du décryptage, de la critique, des mises en lien…. ).

Si du temps d’Artistote on apprenait à gouverner en gouvernant, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Où, quand, comment l’apprend on ?

Et puis en a t-on envie ?

Cornelius Castoriadis parle de résignation, d’épuisement idéologique qui aboutissent à un certain lâcher-prise des citoyens. Une mise à distance que je constate en effet chez certains de mes amis, et les plus jeunes.

Du « ah non moi la politique c’est pas mon affaire, si on me dit qu’il faut aller par là, j’y vais.. » (rapport que la politique = expert et que donc ce n’est pas de mon ressort) au « ben c’est difficile pour tout le monde », et qui donc n’essaie pas de changer sa propre situation. Or, si tu ne commences pas par toi-même, ça va être compliqué de changer ce qui se passe autour de toi.

Faire de la politique ne relève pas de la seule sphère réservée aux élites dirigeantes. Sors la politique de son sanctuaire nommé « pouvoir » qui flotte au-dessus de ta tête.

Si tu regardes l’étymologie du mot, « politique », signifie l’organisation de la vie de la cité . C’est ce qui a trait au collectif. Il y a le collectif Europe, le collectif France, mais le collectif de ton quartier aussi.

En gros, si la politique ne te concerne pas, c’est que la vie en société ne t’intéresse pas.

Ah.

Qu’est ce qu’on fait ? On s’enferme dans nos grottes, et on se regarde le nombril pendant nos 100 ans de vie (oui, j’ai une espérance de vie ambitieuse) ?

Pffff, c’est que moi enfermée toute seule avec moi-même, je ne dis pas qu’à un moment je ne vais pas m’ennuyer, manquer d’air, …

Et toi ?

L’organisation de notre société, autrement dit de ta vie dans le collectif, ça ne t’intéresse pas ? T’es sûr ?

Bon, voilà, j’essaie d’éveiller ton sens civique..

Ca marche ou pas ?? Dis-moi…

Si ça marche, il va maintenant falloir que ton sens civique aille titiller ton sens critique. Les deux vont de paire, car il ne s’agit pas de croire tout ce que l’on voudra bien te raconter ; sinon, ça sert à rien (j’ai presque envie de dire « reste dans ta grotte »).

couv

Normand Baillargeon a écrit un livre qui s’appelle « Petit cours d’autodéfense intellectuelle », qui me semble fort intéressant (je ne l’ai pas encore lu, mais ça ne saurait tarder) (du coup peut-être que je t’en reparlerai) : il t’explique comment sous des dictatures les tirans parviennent à se faire obéir, on y parle comment décrypter les stratégies de langage, ou encore comment ta perception est dirigée.

Sur ce dernier point, il y a ce petit jeu que je t’invite à faire, il est très très démonstratif, tu vas être épaté (peut-être un peu dégouté aussi, mais quelque part, c’est le but)

Mon dieu, ce billet est beaucoup trop long.

….

Y a quelqu’un ? ?

(l’image en en-tête « Tulacru patatcru tétounu danlaru » est de Pierre Di Scullio, un graphiste qui a, entre autre, un travail d’affichage politique dont je te parlerai).

Sur écoute

Il y a des jours où j’ai l’impression que le monde me parle ; à moi ; rien qu’à moi.

Hier, j’allume la radio et je tombe sur cette émission : « On ne vit que deux fois : trouver son métier d’après ».

Oooooh, mais quel à propos France Inter ! Vas-y, dis-moi, raconte-moi.

Autour de la table, Francois Lelors, psychiatre qui a écrit « Hector veut changer de vie » (je note) et Catherine Négroni, sociologue, qui a écrit « Reconversion professionnelle volontaire » (ouuh, j’ai trouvé, regarde c’est par là : http://www.cairn.info/revue-cahiers-internationaux-de-sociologie-2005-2-page-311.htm), et un autre psy, Serge Hefez.

Ils t’expliquent qu’il y a plusieurs profils de personnes qui veulent changer de voie professionnelle : il y a celles qui se lassent vite, et les insatisfaites (coucou c’est moi !). Celles-ci passent souvent par une phase de lecture négative de leur passé,  couplée à une certaine culpabilité, « je n’ai fait que des erreurs », des mauvais choix … (France Inter, tu m’espionnes ou quoi? T’as caché des micros sous mon canapé, hein, dis moi ?)

Leur métier ne les nourrit plus, elles sont en quête de sens, elles veulent s’épanouir.

Ca demande du courage de changer, un peu, quand même, non?  Parce qu’on pourrait se résigner aussi, au fond, accepter, laisser aller…. « Se reposer ou être libre » disait Périclès.

Et la part de soutien est importante. Mais pas nécessairement les conseils.

Je vais m’arrêter sur ce point. Le soutien.

Dans cette période de vie, ma plus grande agression est la réaction des gens qui, ou te pensent instable, ou te demandent, une fois que tu as lâché ton boulot source de ton insatisfaction existentielle, « ça va, tu t’emmerdes pas ? » Ceux-là, faut bien le dire, j’ai un peu envie de les taper, parce que ça m’énerve qu’ils n’entendent pas que je suis dans une action, un processus, qui peut être long, mais que je change, et non pas j’attends. Je ne profite pas de vacances entre deux CDD, non, je travaille pour m’épanouir. Et c’est pas facile. Bordel.

Voilà, ça c’est dit.

(et en fait je doit bien avouer que c’est plus ma crainte que ce que l’on me renvoie vraiment,  même si je les ai entendues les remarques de l’ordre « ça-va-les-vacances ». Mais pas tant que ça non plus.  C’est que vois-tu, je suis dans cette phase dont ils parlaient, là, dans l’émission, de culpabilisation et de lecture négative de son passé. Donc fais comme ils disent : soutiens moi !)

Un truc aussi qui m’a rassurée, est que dans l’émission, ils associent  à cette démarche de changement, la crise de milieu de vie, genre 40/50 ans.

Ouuuh, ben j’en ai 35, à peine ! Je suis limite précoce dans mon envie de changement dis donc ! Moi qui commençais à poser sur mon existence l’étendard «  vie  professionnelle foutue, merci de vous recueillir en silence », je suis laaaarge en fait !!

Bon en tous cas, cette émission tombait à point nommé, et je t’invite à l’écouter, ou pour prendre la mesure de ce que ça raconte de changer pour mieux soutenir les personnes dans ce cas, ou pour te soutenir directement toi, qui est dans cette situation ! (alors si tu remontes un peu la page, et que tu dévies légèrement ton regard sur la droite, .. oui voilà.. non pas si loin, tu vois bien qu’il n’y a plus rien, reviens..  oui, là, tu vois, c’est mon fil twitter, et bien j’ai mis le lien ! malin hein !)