Je viens tout juste de refermer ce joli roman de Ayana Mathis. C’est son 1er .
Il est sorti en France en janvier 2014, et est traduit en 16 langues.
Et bien dis donc, Ayana, il semblerait que le monde littéraire t’attendait !
Michel, le libraire de ma rue (♥️) ( la Plume Vagabonde ♥️) dit qu’ « elle écrit comme Billie Holiday chante ».
Ouha. La comparaison n’est pas mince et elle m’intimide un peu !
Il poursuit : « le 1er chapitre est plutôt déchirant mais l’ensemble du livre n’est pas triste… c’est émouvant, mais pas triste… »
Je pense : « Michel tu me fais peur. Je prends ce livre parce que globalement je suis tes coups de cœur les yeux fermés, mais je ne sais pas si je suis prête, là, à lire un livre au début déchirant sur fond de Billie Holiday. C’est que la mélancolie, sous ses airs langoureux, ça peut frapper fort quand même ».
Je repars avec « Les douze tribus d’Hattie », délicatement contre moi, comme une petite bombe que je ne voudrais pas faire tomber.
Je ne suis pas prête, je te dis.
Je le pose, toujours délicatement, sur une étagère de ma bibliothèque.
Je fais ma vie.
Sans le livre.
Un puis un soir, je me lance.
Je fais la connaissance d’Hattie, une toute jeune femme de 17 ans, maman de jumeaux, une fille, un garçon, Philadelphia et Jubilee, 7 mois. Nous sommes en 1925.
J’apprends que deux ans plus tôt, avec sa mère et l’une de ses sœurs, elles a fuit la Georgie profondément raciste et violente, pour se réfugier à Philadelphie, où elle découvre la possible coexistence des noirs et des blancs, sans sang, crachats, insultes, coups de poings…
Elle dit que les prénoms de ses jumeaux clament cet espoir et cette promesse de jours meilleurs.
Des enfants, elle en aura 9 autres, et une petite-fille complétera la lignée familiale : 12 tribus donc, qui nous seront racontées, une à une, enfant par enfant, chapitre par chapitre, de 1925 à 1980.
On découvrira Hattie, lentement, au travers la vie de chacun, et au fil de l’histoire américaine.
Et si Michel nous a dit que ce n’était pas triste, et bien ça n’est pas cadeau non plus : homosexualité refoulée, abandon d’enfant, alcoolisme, adultère, pédophilie, maladie, schizophrénie…Tu vas en avoir pour ton compte, mon ptit cœur !
Et puis on rencontrera August aussi, bien sûr, le mari d’Hattie, qui fait comme il peut, mais maladroitement, hélas. Parfois (souvent ?) totalement à côté.
Michel disait qu’Ayana Mathis, avec qui il a discuté lors de la présentation du livre par les éditions Gallmeister, n’avait effectivement pas voulu faire un livre triste. Je reviens beaucoup sur ce point là, car j’ai eu un peu de mal à comprendre comment on peut vouloir raconter tant de souffrances sans se dire que l’on va susciter la tristesse… Mais j’entends la force et les combats qui s’y expriment. Et la détermination qui les transcende.
C’est incontestablement lourd et émouvant, mais il est vrai que l’écriture d’Ayana Mathis ne verse jamais dans le sentimentalisme. Son personnage Hattie ne le lui permet pas.
Et c’est certainement en cela que « les douze tribus d’hattie » n’est pas un roman triste.
Mais tu vas morfler quand-même…