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« Just kids » de Patti Smith

Patti Smith était « une enfant rêveuse, quelque peu somnambule ». Elle « dessinait, dansait et écrivait des poèmes ».

– « Je n’étais pas douée mais j’avais de l’imagination ».

Son plus cher désir était « d’entrer dans la fraternité des artistes : la faim, leur façon de s’habiller, leurs rituels et leurs prières ». Elle rêvait de « rencontrer un artiste pour l’aimer, le soutenir et travailler à ses cotés ».

Ses songeries de fillette prendront vie, et au-delà de ce qu’elle avait pu imaginer.

A 20 ans, Patti décide de quitter Philadephie pour New York. Un coup du sort le lui permet : un sac oublié trouvé dans une cabine téléphonique, riche du prix du billet vers New York City.

Tout juste arrivée, un autre coup du sort lui fera rencontrer Robert Mapplethorpe, qu’elle recroisera quelques jours plus tard : ils ne se quitteront plus, et se lieront d’un vœu :

« Nous nous étions promis de ne plus jamais nous quitter tant que nous ne serions pas tous les deux certains d’être capables de voler de nos propres ailes. Et ce serment, à travers tout ce qu’il nous restait encore à traverser, nous l’avons respecté. »

Ils seront l’un pour l’autre leur muse respective, et tout entier dévoués à un seul objectif : créer.

Etre artiste est au-delà de toutes disciplines : peinture, écriture, dessin, poésie, photographie, collage,… peu importe ; la sujet ne se pose pas en ces termes. Ils veulent être artistes. Pas chanteur, pianiste, photographe, guitariste. Non. Artiste.

dessinpatti

Parce qu’être artiste se détermine avant tout dans son rapport au monde : en l’occurrence, « voir ce que les autres ne peuvent voir », et insuffler la magie dans ses créations, quelles qu’elles soient.

« On dit que les enfants ne font pas la distinction entre les objets vivants et inanimés ; je crois au contraire que si. Un enfant fait dont à sa poupée ou à son soldat de plomb d’un souffle de vie magique. L’artiste anime ses œuvres de la même façon que l’enfant anime ses jouets ».

Patti Smith et Robert Mapllethopre vont vivre leur art, vont être leur art.

Dans la faim, la pauvreté, leurs petits boulots, leurs plans démerdes, leurs larcins, leurs galères.

Leur amour.

Dans leurs rencontres au cœur du « triangle des bermudes new-yorkais » que constituaient le Brownie’s, le Max’s Kansas City et la Factory, ainsi qu’au Chelsea Hôtel, repaires des artistes.

Andy Wharol, Allen Ginsberg, Jim Morrison, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Judy Linn, Janet Hamill, Sam Wagstaff, Lenny Kaye, Todd Rundgren, Bebe Buell, Danny Fields, Brian Jones, Sandy Daley, Grace Slick , Johnattn Richman, Gregory Corso, Wiliam Burroughs, Lou Reed, Richard Lloyd, Tom Verlaine, Lisa Rinzler, Fred Sonic Smith…

Tu les rencontreras tous et d’autres encore, et il te sera ainsi raconté une époque, grouillant d’artistes qui se brûlaient parfois bien vite les ailes.

« Abattues, la gloire tant désirée à portée de main, des étoiles éteintes tombaient du ciel ».

Patti Smith t’immergera dans les années 60-70, par un récit très détaillé. Je me suis d’ailleurs assez amusée de toutes les précisions vestimentaires qui y sont relevées !

« Just Kids » est fascinant de sa culture beatnik, ses audaces artistiques, ses excès, son déterminisme, ses quêtes, ses errances, ses faits du hasard, ses gens excentriques qui sont là, tout proche, dans ta rue, cherchant à bouger ou exprimer leur monde, …

Il est aussi fascinant bien sûr dans ce qui est le cœur du livre : la relation entre Patti et Robert.

Juste pour eux, on veut bien croire aux légendes des âmes sœurs.

Mais si j’ai fait trois bouchées du bouquin, et j’ai eu encore faim. Quelques jours après avoir refermé Just Kids, je suis fortuitement et heureusement tombée sur un recueil de photo de Judy Linn qui nous montre à voir la chambre du Chelsea et les appartements quelques peu bordeliques des deux amants. J’étais très curieuse de ces photos. Leur univers m’intrigue tant.

C’est que je ne sais pas ce qui m’aimante ainsi, mais vois-tu, je suis totalement envoutée par Patti Smith. Elle porte un monde si manifestement que je trouve cela troublant.

J’ai eu deux fois l’occasion de la voir.

Une 1re en 2011 lors d’un concert en hommage à Allen Ginsberg où elle était entre autres accompagnée par Philipp Glass au piano pour chanter et clamer les poèmes de leur ami. Il y avait cette énergie collective qui transcendait le public, c’était si magique.

Une seconde, par hasard, de manière totalement incongrue, dans un jardin de Venise, où elle psalmaudiait en toute intimité aux côtés d’un poète nordique. Ouep. C’était assez fou ! (j’aime à croire que j’ai aussi mes ptits moments de hasard à moi !)

Je me ferai sous peu une joie d’aller visiter l’œuvre de Mapplethorpe au Grand Palais.

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Sont beaux les ptits hein?