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« Apprenti gigolo » de John Turturro

J’arrête de te parler des films qui ne sont plus à l’affiche pour que tu puisses aller dépenser un peu de sous au cinéma plutôt que de télécharger honteusement (mais chut euh). D’acheter les DVD (voilà).

Ce week-end, j’ai vu « Noé ».

Naaaan… j’déconne!

Je suis allée voir « Apprenti gigolo ».

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Pas de chichi, le film entre directement dans le cœur de l’histoire : Woody Allen propose à John Turturro de faire le gigolo, tout d’abord pour sa dermato, qui lui a confié l’envie d’une telle expérience. Elle est belle, torride : c’est Sharon Stone, dans une féminité non retenue, la séduction tout décolleté et talon aiguille sortis. John Turturro accepte le rôle d’enjôleur de dames, et Woody Allen endosse celui du mac, sans hésiter une seconde à tenter les femmes qu’il croise.

Parmi elles, la veuve en deuil de son feu mari rabbin – interprétée avec une délicatesse extrême par Vanessa Paradis – coincée dans son chagrin, entre les coutumes et la communauté juives. La tristesse, la solitude, en silence, en absence, en demi sourire, cachées sous sa perruque, enfouies sous ses frêles épaules. Une fragilité recluse dans un ptit corps.

Si l’érotisme de Sharon Stone ou de sa copine Sofia Vergara est tout assumé et résillé, le lâcher prise de Vanessa Paradis s’exprimera lui dans le plan serré sur son pied, faisant un pas en avant. Et ça c’est fort.

Turturro quant à lui affiche un charisme certain et une séduction folle, mêlée de virilité, de tact, d’intelligence, avec l’aisance, l’assurance et la grâce d’un danseur de tango.

J’ai hésité à te parler d’ « Apprenti gigolo », parce que bon, au final, je ne sais pas combien de temps je m’en souviendrai, … et puis je me suis dit que s’il n’est certainement pas le film le plus marquant qui soit, j’ai tout de même envie de le retenir, pour la subtilité des deux personnages joués par John Turturro et Vanessa Paradis, leur interprétation non grandiloquente, et ô combien élégante et touchante.

Et pour ce petit pied, qui s’avance, comme ça, l’air de rien.

Arrête de vouloir du grand tout le temps…

Les ptites choses, je te dis, les ptites choses.

« La vie rêvée de Walter Mitty »

Eh bien, ça fait une paye comme on dit !

Oui je sais, mais que veux-tu : la vie,  mon ami, la vie !

Mais ne me fais pas les gros yeux, je reviens avec du bon !

Tout d’abord, un film : « La vie rêvée de Walter Mitty ».

De Ben Stiller, avec Ben Stiller, Sean Penn, Kristen Wiig, Adam Scott.

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C’est l’histoire d’un gars lunaire, qui vit un peu dans sa tête, rêve sa vie. De prime abord, les gens lui trouvent le charisme d’une moule (morte). Discret,  penaud, timide, un peu gauche, ses fameux moments d’absence lui valent quelques moqueries.

Il s’appelle Walter Witty. C’est un type qui se sent, se sait banal.  Sans intérêt aucun.

Il travaille pour le magazine « Life », développe les négatifs photos de grands reporters. Dans son bureau plongé dans le noir, avec son unique collègue, il semble isolé du monde.

Jusqu’au jour où.

Où le journal doit dire adieu à sa version papier, pour passer au tout web : l’annonce de l’ultime numéro imprimé, dont Walter à la charge de la couverture. Le cliché qui entrera dans l’histoire de la presse.

La photo élue ? Celle du négatif n°25, capturée par le célèbre et farfelu photographe Sean O’Connell (Sean Penn).

Manquant sur la planche.

Aïe.

Le type en charge de la transition du magazine et de l’édition du  dernier numéro lui fait la misère (Adam Scott tient odieusement le rôle).

La quête commence alors pour Walter qui se jette dans l’aventure. Très naturellement. Mais tout extraordinairement.

Tu vas débarquer au Groenland, te jeter dans l’Atlantique, dévaler en skate une route sinueuse en Islande, partir en Afghanistan, grimper l’Himalaya.

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L’histoire pourrait te paraître cliché dans le dépassement de soi, le voyage initiatique, et tu pourrais trouver un peu culcul le message beatnik qui s’y trame, « les belles choses n’ont pas besoin de se faire remarquer » et autres Carpe Diem servis par Sean Penn (mais bon note que la philosophie zoobab, moi, j’adore hein, et pis alors si c’est Sean Penn qui fait la leçon, pouaah, je plonge ), mais tu verras que Ben Stiller a cuisiné bien subtilement son film. L’histoire tangue entre burlesque et poésie, et au final la poésie l’emporte. La pudeur et la pseudo-normalité de Ben Stiller sont touchantes (et le rendent de plus en plus canon au fur et à mesure de l’histoire, si si, tu verras), et surtout les images sont sublimes, et défilent sur une B.O top, menée à la baguette par Théodore Shapiro, et tu entendras le joli « Space Oddity » de Bowie mêlé à la voix de Kristen Wiig :

Et je t’ai pas dit, mais derrière l’aventure et les grands espaces, il y a une histoire d’amour aussi (aaaah l’amuuuur).

Voilà, c’était cool, un film à voir avec des ptits yeux tout bleu.

Allez, fais pas ton dur, va.

« Les douze tribus d’Hattie »

Je viens tout juste de refermer ce joli roman de Ayana Mathis. C’est son 1er .   

Il est sorti en France en janvier 2014, et est traduit en 16 langues.

Et bien dis donc, Ayana, il semblerait que le monde  littéraire t’attendait !

Michel, le libraire de ma rue (♥️) ( la Plume Vagabonde ♥️) dit qu’ « elle écrit comme Billie Holiday chante ».

Ouha. La comparaison n’est pas mince et elle m’intimide un peu !

Il poursuit : « le 1er chapitre est plutôt déchirant mais l’ensemble du livre n’est pas triste… c’est émouvant, mais pas triste… »

Je pense : « Michel tu me fais peur. Je prends ce livre parce que globalement je suis tes coups de cœur les yeux fermés, mais je ne sais pas si je suis prête, là, à lire un livre au début déchirant sur fond de Billie Holiday. C’est que la mélancolie, sous ses airs langoureux, ça peut frapper fort quand même ».

Je repars avec « Les douze tribus d’Hattie », délicatement contre moi, comme une petite bombe que je ne voudrais pas faire tomber.

Je ne suis pas prête, je te dis.

Je le pose, toujours délicatement, sur une étagère de ma bibliothèque.

Je fais ma vie.

Sans le livre.

Un puis un soir, je me lance.

Je fais la connaissance d’Hattie, une toute jeune femme de 17 ans, maman de jumeaux, une fille, un garçon, Philadelphia et Jubilee, 7 mois. Nous sommes en 1925.

J’apprends que deux ans plus tôt, avec sa mère et l’une de ses sœurs, elles a fuit  la Georgie profondément raciste et violente, pour se réfugier à Philadelphie, où elle découvre la possible coexistence des noirs et des blancs, sans sang, crachats, insultes, coups de poings…

Elle  dit que les prénoms de ses jumeaux clament cet espoir et cette promesse de jours meilleurs.

Des enfants, elle en aura 9 autres, et une petite-fille complétera la lignée familiale : 12 tribus donc, qui nous seront racontées, une à une, enfant par enfant, chapitre par chapitre, de 1925 à 1980.

On découvrira Hattie, lentement, au travers la vie de chacun, et au fil de l’histoire américaine.

Et si Michel nous a dit que ce n’était pas triste, et bien ça n’est pas cadeau non plus : homosexualité refoulée, abandon d’enfant, alcoolisme, adultère, pédophilie, maladie, schizophrénie…Tu vas en avoir pour ton compte, mon ptit cœur !

Et puis on rencontrera August aussi, bien sûr, le mari d’Hattie, qui fait comme il peut, mais maladroitement, hélas. Parfois (souvent ?) totalement à côté.

Michel disait qu’Ayana Mathis, avec qui il a discuté lors de la présentation du livre par les éditions Gallmeister, n’avait effectivement pas voulu faire un livre triste. Je reviens beaucoup sur ce point là, car j’ai eu un peu de mal à comprendre comment on peut vouloir raconter tant de souffrances sans se dire que l’on va susciter la tristesse…  Mais j’entends la force et les combats qui s’y expriment. Et la détermination qui les transcende.

C’est incontestablement lourd et émouvant, mais il est vrai que l’écriture d’Ayana Mathis ne verse jamais dans le sentimentalisme. Son personnage Hattie ne le lui permet pas.

Et c’est certainement en cela que « les douze tribus d’hattie » n’est pas un roman triste.

Mais tu vas morfler quand-même…

Ter Bekke et Behage (et le chat)

Aujourd’hui, je te fais rencontrer le studio éponyme Ter Bekke et Behage, deux graphistes néerlandais qui travaillent en France.

Leur collaboration a commencé dans les années 90, et ils explorent ensemble la communication sous ses facettes les plus variées : identité visuelle, affiche, édition électronique, site multimédia, scénographie, signalétique… Leur préoccupation première : la mise en avant du sujet, avant même leur signature graphique propre (même si celle-ci est identifiable dans le travail de la lettre, des lignes fortes, des couleurs tranchées…).

Interviewés par Designboom , Evelyn Ter Bekke et Dirk Behage expliquent qu’exiger la liberté totale est certainement une erreur des graphistes professionnels. « Elle éloigne de l’objet et place le graphiste au centre de la scène ». Un écueil à éviter donc, en faveur d’un dialogue et d’une confiance à construire entre créateur et commanditaire.

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Pour les campagnes d’affichage pour le théâtre La Colline que tu peux voir dans le métro (difficile de passer à côté),  l’absence d’images te dit deux choses : la première est que le théâtre est tout d’abord le lieu du texte, des mots. Et la seconde est qu’on te présente l’unité du théâtre, son identité artistique et culturelle dans la ville, plutôt que la pièce elle-même.

Le travail d’affiche, de signalétique et de scénographie réalisé pour le musée national de la préhistoire en Dordogne, utilise une typographie segmentée, qui vient perturber quelque peu la lecture du mot « préhistoire »: l’idée est  de signifier que nous connaissons cette période par bribes, que nous n’en n’avons pas une connaissance entière, qu’il manque des pièces au puzzle, mais néanmoins, nous sommes en mesure de la décoder.

Leur travail a été exposé en 2012 au Portique, lieu d’art contemporain au Havre, mais les deux graphistes insistent sur le fait qu’il se vit en société, dans la rue, dans la boîte aux lettres, que leurs créations existent dans un contexte, qu’elles ne se situent pas dans un rapport tel que peut le proposer un travail « beaux-arts », où un œil regarderait une œuvre, en soi. 

Je te laisse les découvrir en vidéo, où ils t’expriment leur intérêt à s’immerger dans l’univers pour lequel ils travaillent une communication visuelle,  la différence entre un commanditaire et un client, la distinction d’approche entre une communication commerciale et une communication culturelle, et surtout, ils t’expliquent l’importance du chat, dans ta vie.

A bon entendeur,

bisous

les images sont issues de leur site : http://www.terbekke-behage.com

« About Time »

Aveu : J’aime bien les comédies romantiques.

Elles sont rares à sortir leur carte du jeu d’un genre assez souvent construit à l’identique : les scénarios sont en effet séquencés selon une régularité digne d’une horloge anglaise (la recherche/la rencontre/la séparation/la reconquête), et on y donne souvent dans les clichés… Mais que veux-tu, j’aime les bisous à la fin ! Prière de ramasser les petites fleurs bleues sur ton chemin. Merci. Par contre effectivement, dès lors que tout est bien entré dans l’ordre amoureux qui convient, je dois bien dire oublier assez vite la plupart de ces histoires.

Mais « About Time » nous est servi par Richard Curtis, qui nous a régalé il y a une dizaine d’année du scénario de « Quatre mariages, un enterrement » et de la réalisation de « Love Actually ». Devant ou derrière la caméra, l’homme sait y faire. Et il nous le dit encore avec « About Time ».

C’est un brin fantastique, mais sans effets spéciaux (c’est l’histoire d’une famille où les garçons ont le superpouvoir de voyager dans le temps de leur propre vie).

C’est très élégamment drôle (le seul nom de Bill Nighy dans le rôle du père t’en convaincra).

Ca parle d’amour, mais sans les je t’aime/je ne t’aime plus/je pars sur un mal-entendu/tu pleures/je reviens/ … si habituels aux romances, comme si c’était la musique obligée d’une love story. Non pas d’engueulade ou de quiproquo stupides, juste une jolie histoire.

Ou plutôt des jolies histoires, car le film n’est pas seulement au sujet du couple Rachel McAdams et Domhnall Gleeson, mais aussi de la famille loufoque du jeune homme, de toutes les relations qui s’y vivent. Et on en ferait bien partie, faut bien le dire !

Du coup, tu as là un film touchant et surtout positif tout du long, et ça c’est pas banal !

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Ca ne sera pas ton film de l’année, mais il sera de ceux qui t’ont fait passer un bon moment, à la façon de toutes les petites choses simples de ta vie qui te rendent heureux !

Allez, peace, bro

La série, ce fléau

J’exerce une sorte de rituel du soir : celui de regarder « une ptite série » comme on dit chez moi … Une sorte de lancement de soirée quoi…

Et en fait , il n’y en a pas qu’une.. Il y en a plein ! Partageant ma vie avec quelqu’un qui n’est pas plus dans la mesure que moi, je peux même dire qu’il y en a trop !!

–  « J’ai repéré une série, ça semble pas mal, on regarde le 1er épisode pour voir ce que ça donne ? ».

– moi curieuse comme une chouette  : « oh ben oui vas-y balance ! »

Et voilà, l’engrenage est en marche.

Alors il y a plusieurs catégories de séries :

– celles inavouables,

– celles qu’on regarde d’un œil, l’esprit léger, l’attention vagabonde,

– et celles qui nous rendent accros, pour lesquelles on supplie la suite IMMEDIATEMENT.

C’est que la patience n’est pas ce qui me caractérise le plus, mais la curisoité si… Tu devines où ça coince dans la logique « série », histoire séquencée dans un laps de temps long à intervalles espacées

Donc, oui, je souffre.

Parmi celles qui ont nécessité de me faire médicalement assister (du xanax pour faire redescendre la tension, et autres pscychotropes pour pouvoir continuer à vivre en société entre deux épisodes), il y a eu Homeland :

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Un marine américain a été torturé et séquestré pendant 8 ans par Al Qaida. Son retour miraculeux au pays n’est pas sans soulever les suspicions et les inquiétudes de la CIA qui suspecte le changement de camp ou la manipulation du soldat. Héros national ou traitre ? Toute la tension de la série se jouera dans cette intrigue, ambiancée par le traumatisme du marine et les obsessions de l’agent de la CIA. Le jeu de Claire Danes est de très haut vol et l’histoire rondement mise sur ressorts.

Game of thrones, évidemment j’ai envie de dire (oui si aujourd’hui t’as envie d’être antisocial, dis que t’aimes pas game of thrones plutôt que de casser des vitrines)

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J’avoue avoir eu besoin de regarder un petit recap’ avant d’entamer la saison 4 lundi dernier, parce qu’il faut bien dire que ça tire  et poignarde de partout, et qu’une certaine concentration est requise : dans la foison des personnages, il n’est pas toujours évident de mémoriser les clans des uns et des autres !

The americans

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L’histoire d’un couple, marié, deux enfant, vivant dans une banlieue tranquille de Washington, agents de voyages tous deux…. Mais en fait pas du tout ! Nous sommes en pleine guerre froide, et ce sont des espions russes ! Leur vie est construite de toute pièce, mais leur détermination est, elle, bien réelle. Malmenée parfois, mais on pourra dire d’eux qu’ils ont, jusque là, un sens indéniable de l’abnégation !

Et toi, t’es drogué aussi?

J’ai travaillé « dans la culture »

Aujourd’hui, je vais te parler de mon boulot d’avant.

J’ai travaillé pour une fédération de fédérations (non non, je ne bégaie pas) artistiques et culturelles, dont la création a été inspirée par le principe du « plus on est de fous plus on rit »..

euh non c’est pas ça …

ah oui, ça me revient, … par le principe de « le nombre fait la force ».

Leur bataille originelle? Faire reconnaître la non-lucrativité des activités artistiques et culturelles des structures que chacune représente. Car, soit, les acteurs culturels achètent et vendent des spectacles mais l’idée n’est pas de se mettre les bénéfices dans la poche, vois-tu ? Mais bien de les réinjecter dans le projet et financer ainsi d’autres spectacles. Ca s’appelle la gestion désintéressée.

Et à l’époque (nous sommes dans les années 90),le ministère de l’économie et des finances ne voyait pas les choses comme ça : il avait comme projet de réforme de faire basculer sous le régime des impôts commerciaux toutes structures  achetant ou vendant quelque chose  Un truc simple, carré, tranché.

Sauf que, Ministère de l’économie et des finances, tes parents t’ont pas appris que la vie c’était pas tout noir ou tout blanc ?

Donc des fédérations de divers domaines artistiques se sont regroupées pour expliquer à l’Etat la subtilité de leurs activités, et conjointement, ils sont parvenus à définir les critères de non-lucrativité, permettant à leurs acteurs d’être exonérés des impôts commerciaux.

Hourra, victoire !

Forts de leur réussite, ils se sont dit « et bien restons groupés les gars, défendons et inventons main dans la main les politiques que nous souhaitons mettre en place ! »

La fédération de fédérations – à vocation politique – était née.

Oui c’est beau. Plus tard, on  parlera d’« intelligence collective ». Mais on se rendra aussi compte que la réunion de connaissances ne fait pas nécessairement émerger de l’intelligence.

Mais ceci est une autre histoire.

Reprenons le fil de la nôtre : 15 ans plus tard, la fédération des fédérations existe toujours, et elle est même allée chercher des sous auprès de l’Etat et des collectivités territoriales, ce qui a permis de créer tout d’abord 1 poste salarié, puis 2, puis 3 puis 4. J’ai occupé le 4. J’étais principalement chargée de coordonner un groupe de travail.

Mais le problème, c’est que quand je sollicitais des personnes pour plancher sur un sujet, on me répondait : « non j’ai pas le temps, je suis désolé, tu comprends, je suis juste bénévole de ta fédération de fédérations… »

Ah. Bénévole. Le mot est lâché. Culpabilisant pour celui qui demande, et indice de tant de bonté, de générosité, voir de courage, de celui qui l’exprime.

Et bien les gars, vous avez été si forts pour définir les critères et les subtilités de la non-lucrativité, pourquoi n’essaieriez-vous pas de définir les critères et les subtilités du bénévolat ?

Que j’en demande trop à mon voisin boulanger qui m’aide à coller les affiches de mon spectacle, oui, je mesure le désintéressement de son geste : ça rend clairement pas son pain meilleur.

Mais toi, là, tu es payé par ta fédération, celle-là même qui a constaté qu’il était intéressant de mener un travail en commun, parce que des objectifs politiques partagés, et portés à plusieurs, avaient plus de chance d’être atteints. Donc je travaille pour toi, au final, tu sais.

Soyons clair, sans toi, l’intérêt de mon groupe de travail est nul. Ton existence précède la mienne. Et plus globalement, sans fédération, pas de fédération de fédérations. Tu en conviens ? Tu ressens mon CQFD là ?

Mes sujets de travaux sont liés à ton métier quand même, donc, soit, ça te prend du temps et tu ne touches pas plus de sous quand tu travailles avec moi, mais de là à dire que c’est professionnellement désintéressé, je trouve ça gonflé !

Voilà comment je me suis retrouvée à coordonner un groupe de travail d’une personne, et comment j’ai appris à broder des phrases pour écrire des textes avec les 4 mots-clés que l’on m’avait donnés .

Et avec le temps, j’ai compris qu’au fond, la raison de tout ça, du « j’ai pas le temps », c’est parce qu’ils n’avaient peut-être rien de plus à raconter que ces 4 mots-clés…

Ca donnait ça en fait :

Alors autant te dire, qu’en termes de compétences développées, j’ai cartonné! Cette expérience là, sur mon CV, tu  n’as d’yeux que pour elle !!! Gros gros potentiel de mise en valeur professionnelle!

Mais, pour m’occuper et me motiver à la tâche , j’ai fait des compte-rendus illustrés.

Je te montre (regarde-les en grand, s’il te plait, fais honneur) :

Marylise Lebranchu, ministre en charge des réformes territoriales, s’adressant aux associations lors d’une rencontre nationale:

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Tu te souviens de mon billet sur le civisme? Il te disait que toi aussi tu pouvais avoir ton mot à dire sur l’organisation de ta vie en collectivité? Et bien il faut savoir que dans la réforme de l’organisation territoriale en cours, on prévoit de créer des espaces de concertation et de travail entre élus des différents échelons territoriaux (département, région, Etat, ville, agglomérations..), mais que rien n’est prévu pour que les citoyens participent aux débats et aux décisions! Autant te dire que les associations étaient fâchées! Et Marylise Lebranchu leur a donné raison et les a encouragés à proposer des amendements au projet de texte de loi, en faveur de la démocratie.

Ensuite, une illustration de Philippe Aigrain, co-fondateur de la « Quadrature du Net » , une association qui défend les droits et les libertés des citoyens sur Internet. Il est militant de ce que l’on appelle les « biens communs », ou « les communs » , c’est-à-dire ce qui appartient à tous et  qui est de la responsabilité de chacun. C’est quelque chose que l’on n’a pas le droit de s’approprier au détriment de quelqu’un d’autre. On parle souvent de l’eau comme bien commun de l’humanité.  De la culture aussi. Il était venu nous parler plus précisément du concept.

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Le truc, vois-tu, c’est que je crois que personne ne lisait mes compte-rendus, je suis un peu dégoutée que tant de gens soient passés à côté de mon talent…

Damn it…

 

 

La Revue Dessinée

– Oh t’as des ptits yeux dis donc.

– C’est que j’ai pas réussi à dormir. Ton teasing d’hier était fou. J’étais si impatient que tu me parles de « La Revue Dessinée »

Ok, je ne joue pas plus avec ta patience, c’est parti.

« La Revue Dessinée » est un projet qui a germé dans la tête de Franck Bourgeron. Cet homme a plusieurs terrains de jeu :  le storyboard, l’animation et la bande dessinée . Cet homme a également de chouettes et talentueux amis qui vont faire que son projet se transforme en objet : numérique et papier.

Je ne te parlerai pas de la version numérique de la revue parce que je vis avec un téléphone des années 80 qui ne connaît pas le vaste monde des applications mobiles. Ne me juge pas. Mais sache qu’elle existe.

Par contre j’aime les livres, les odeurs de colle des livres, de l’encre fraiche, donc je vais te parler « papier ».

Né en septembre 2013, le 1er numéro de La Revue Dessinée pèse 564 grammes, mesure 226 pages. Il te fait la promesse de ptits frères et sœurs tous les trimestres, et pour ne pas que tu t’ennuies entre les numéros, un site internet égaiera tes journées en te donnant à voir du beau ET de l’instructif.

Car « La Revue Dessinée » te parle d’actu, de sujets de société, elle enquête, investigue pour que tu puisses tenir des conversations intéressantes avec tes amis. Le tout en BD.

Et là, t’es bouchée bée .

La BD  c’est pour les enfants/c’est pas sérieux/c’est même pas des vrais livres/…? T’es de cette bande là?

Et bien balaie tes préjugés (c’est pas bien tu sais..). La paire journaliste/artiste va te raconter le monde, différemment, et tu verras qu’information et dessin vont plutôt très très bien ensemble !

Dans le 1er numéro j’ai – entre autres – appris la complexité d’une agriculture plus saine et à échelle humaine et j’ai découvert le trait délicat de Sébastien Vassant.

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Dans le numéro 3, il y a un reportage sur les formations des militants FN fort intéressant : tu liras qu’on leur apprend à ne plus dire  « les bougnoules à la mer » mais « il faut organiser le retour chez eux des immigrés du tiers-monde », …tellement plus propre… Tu apprendras que le militant FN ne doit pas utiliser le vocabulaire de l’adversaire et que l’idéologie marxiste et celle des droits de l’homme sont interdites. Tu y découvriras l’origine et l’évolution du logo du parti. Tu pourras comparer les programmes de 1973 à ceux de 2013 (ah ben tiens,  c’est pareil au fond!). Et Julien Solé te montreras ses dessins, qui ont l’air de dire « je dessine bien, oui madame, oui monsieur».

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Bon, je ne suis pas ta mère, je ne vais pas te faire la lecture, alors vas-y, fonce l’acheter, tes yeux te diront merci, ton cerveau te dira encore.

 

« Esquisse d’un meurtrier »

Tu connais Cyrille Pomès ?

Non ?

Eh bien, mme/mlle/mr (raye les mentions inutiles)…………(insère ton prénom ici), je te présente Cyrille Pomès. Comme « pomme+S » sur ton mac, oui, parce que les dessins de Cyrille tu voudras les sauvegarder à tout jamais dans ta mémoire (je suis désolée pour cette blague pourrie, … mais le fond reste sincère, et puis personnellement j’aime bien les jeux mnémotechniques)

Il signe tout récemment un webdocumentaire qui tabasse, au sujet de l’affaire Francis Heaulme . Ca s’appelle « esquisse d’un meurtrier »,  réalisé en collaboration avec Clara Beaudoux, journaliste pour France Info.

Le tueur en série est actuellement en procès pour le meurtre de deux enfants commis en 1986 en Moselle.

Au cœur de cette actualité, Cyrille Pomès et Clara Beaudoux nous donnent à voir et à entendre l’histoire de l’homme surnommé le « routard du crime » :

De très beaux dessins (j’aime beaucoup la texture), un jeu de parallaxe pour une animation très judicieuse, (qui nous rappelle le projet « Never mind the bullets » réalisé en 2010 par les studios Waest et Steaw), le tout agrémenté de témoignages audio, je trouve le projet terriblement réussi !

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Il fait plus que jamais place à la BD dans la cour des enquêtes et de l’actualité.

Et c’est tout le propos de  «La Revue Dessinée», qui est, aux côtés de France Info,  partenaire de ce travail.

« La Revue Dessinée » un magazine trimestriel, papier et numérique, qui traite de sujets d’actu, tout en BD donc. Le 1er numéro est sorti à l’automne 2013, je me suis ruée dessus, le dernier est paru le 20 mars (je l’ai aussi, il sent encore un peu la colle des livres, j’aime bien !) (oh hé ! drogué toi-même !)

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Je t’en parlerai demain. Pour le moment je te laisse apprécier le webdocumentaire. (quand tu arrives à la fin d’un chapitre, pour aller au suivant, clique sur la petite bulle de menu en haut à droite pour passer au suivant)

Tu reviens dis ?

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Ce week-end, je suis allée voir « Real » de Kiyoshi Kurosawa.

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Le film est qualifié de « romance, fantastique ».

Il nous raconte l’histoire d’Atsumi, une jeune et talentueuse illustratrice de mangas, plongée dans le coma depuis un an pour avoir tenté de mettre fin à ses jours, sans que quiconque en connaisse la raison. Pour entrer en contact avec elle, Koichi, son amoureux transi, expérimente, avec l’assistance d’une équipe médicale, une technologie nouvelle lui permettant de pénétrer dans l’inconscient d’Atsumi. Parviendra t-il à la ramener à la vie ?

En gros, c’et le topo.

Romance : check : c’est l’histoire de deux amoureux en totale osmose, qui se connaissent depuis leur enfance. Des âmes-sœurs pourrait-on dire.

Fantastique : check : tu vas naviguer dans l’univers de l’inconscient. L’espace du pur esprit. Il peut s’y passer n’importe quoi. Tout est possible. Tu baignes en plein onirisme, c’est un peu ouaté, tu es comme dans un poème. Tu verras des crayons flotter, parce que l’inconscient se fiche de la gravité. Tu passeras de lieux en lieux sans transition aucune, la distance, l’inconscient, il ne connaît pas.

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Ok.

Sauf que, le fantastique ira bien plus loin que ce que à quoi tu t’attendais.

Sur un tempo lent caractéristique des films japonais, tu seras d’un coup saisi, secoué, des images te feront sursauter.  Ce sera bref. Tu vas être surpris, te tendre un peu sur ton siège. Parce que tu sais que les réalisateurs japonais, s’ils font bien la poésie, ils font aussi très bien l’horreur; donc à un moment, tu as un peu peur de basculer du côté obscur de la force. Mais non,  ne panique pas ! Je te rassure, il n’y aura rien de gore !

Et puis l’histoire avance et t’amène là où le synopsis et la bande-annonce ne t’avaient absolument pas laissé d’indices.

Un autre « fantastique » t’attend.

J’ai été surprise par ce film qui joue sur plusieurs tableaux, plusieurs ambiances, et ma foi, le mariage de ces différents univers  en font un film plutôt atypique !

J’ai un peu ri en sortant de la séance, parce que c’est assez fou, inattendu.

Je ne te dirai pas cours-y, mais si t’es tenté, laisse-toi aller!